A Alep-Est, des écoles sous les bombes
La peur des raids aériens menés par la Russie et le régime syrien hante les parents et les élèves vivant dans la partie de la ville qui est sous le contrôle des rebelles.
A quel moment le bombardement d’une ville devient-il suffisamment « normal » pour que les écoles ouvrent leurs portes ? Cette question taraude Marcell Shehwaro chaque matin. Directrice de l’ONG syrienne Kesh Malek, elle gère depuis Gaziantep, dans le sud de la Turquie, un réseau de sept établissements implantés à Alep-Est, la partie de la ville sous le contrôle des rebelles. Cette responsabilité lui impose de décider, en accord avec ses collaborateurs sur place, si le niveau de violence dans ces districts, soumis au pilonnage irrégulier des aviations syrienne et russe, permet ou non d’accueillir des élèves.
« Parfois je suis tellement désespérée que je me dis que tous nos enfants vont y passer, confie la jeune femme, une figure de l’opposition civile syrienne, rencontrée à la fin octobre, peu après le massacre de vingt-deux écoliers et six enseignants, dans le bombardement de leur établissement, à Idlib, dans le nord-ouest. Et puis je me dis qu’ils sont notre seul espoir, qu’ils ont besoin de croire en un avenir meilleur, et je me remets au travail. En fait, on n’a pas le luxe de baisser les bras. Soit on résiste, soit on s’effondre. »
A Alep, le dilemme de l’ouverture des classes se repose avec acuité depuis mardi 15 novembre, date du retour en force des chasseurs-bombardiers syriens dans le ciel de la ville, après un répit de trois semaines. Parmi les bâtiments touchés par les frappes, qui ont causé la mort, mercredi, de 35 civils dont six enfants, figuraient un hôpital pédiatrique, une banque du sang et une école, dans le quartier…